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CHAPITRE DIXIÈME

sa fabrication et qui les offrait avec insistance : « Signor principe, signor conte, signora marqueza, un sorbeto excellente alla lady Holland, presto servito. » lady Holland n’osait pas le rappeler à l’ordre, et les habitués de la maison aimaient à le faire causer, en excitant sa verve qui était intarissable et comique.

Mme Gould, liée depuis de longues années avec la comtesse de Montijo, et lady Iley, dame d’honneur de la reine d’Angleterre, avaient leurs petites entrées aux Tuileries. Elles assistèrent toutes trois, avec les dames d’honneur, à la naissance du Prince impérial. Lady Iley était une charmante femme, grande, mince, blonde, aux traits fins et délicats et d’un esprit très agréable. Lorsqu’on vint annoncer que le nouveau-né était un garçon, le général Rollin, aide de camp de l’Empereur, embrassa la marquise de Iley sans plus de façons. Celle-ci prit fort mal cette galanterie trop soldatesque et se montra très blessée des plaisanteries qui lui furent faites à ce sujet par toutes ses amies.

Le 9 janvier 1856 arriva la nouvelle de l’acceptation par la Russie des conditions de la paix. Ce soir-là, il y avait bal chez la princesse Mathilde : l’Empereur et l’Impératrice s’y trouvaient. Mme de Castiglione, qui devait, dit-on, jouer un rôle dans la vie intime de Napoléon III, lui fut présentée, ainsi