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MES SOUVENIRS

extrêmement gentleman. C’était mon ami le duc de Dino, commissaire français près de l’armée piémontaise, qui nous offrait à dîner. Il y avait là le prince Czartoryski, qui avait récemment épousé une des filles de la reine Christine, puis le duc de Valençay, son fils Bozon de Talleyrand, le colonel Claremont, commissaire anglais près de l’armée française (fils de Mlle Anaïs du Théâtre-Français), le colonel de Valabrègue et le colonel C… qui arrivait de Crimée. Ce dîner excellent fut très intéressant. Ces messieurs parlèrent des batailles auxquelles ils avaient assisté, et plusieurs fois le jeune Bonaparte prit la parole pour nous dire les événements auxquels il avait pris part. Il avait connu en Crimée mon neveu Maurice de Beurnonville, ainsi que mon cousin le général Blanchard. Au dessert, la conversation devint plus légère, et le jeune Bonaparte, oubliant les fatigues de la Crimée, nous dit qu’il avait l’intention de profiter de son séjour à Paris pour s’y bien amuser.

La rentrée de la garde impériale à Paris fut un spectacle superbe, favorisé par un temps magnifique et par un soleil très doux, bien rare à pareille date, 29 décembre. L’Empereur alla au-devant des troupes jusqu’à la Bastille. Tout Paris était sur pied. Les blessés défilaient les premiers, sans armes, recevant des fenêtres une pluie de couronnes et de