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MES SOUVENIRS

digne de sa confiance et capable de la gagner. Si la défunte reine avait joint aux grâces de sa personne et à ses vertus un peu d’énergie dans le caractère, elle aurait eu sur l’esprit et le cœur de son mari l’ascendant qu’elle a laissé prendre à l’une de ses maîtresses. Elle se serait attachée à le ramener sans cesse à la pensée de ses devoirs de roi et n’aurait point souffert auprès de lui d’influence égale à la sienne. Malheureusement ce rôle était au-dessus des forces de la sainte reine Marie-Adélaïde, qui ne savait que se résigner et gémir en secret. Aujourd’hui il se présente une circonstance favorable pour engager le Roi à contracter un second mariage et à briser ainsi avec sa maîtresse. La duchesse de Gênes, Élisabeth de Saxe, de retour de son voyage à Dresde, a amené avec elle la princesse Marie-Sidonie, née le 16 août 1834, sa sœur, et fille comme elle de l’excellent roi de Saxe actuellement régnant. Cette princesse avait été un moment recherchée par l’empereur d’Autriche. Ayant reçu l’éducation la plus complète, elle a beaucoup d’instruction. Son intelligence est élevée et son esprit solide. Mais ce qui la distingue surtout, c’est une grande fermeté dans le caractère. Elle a en outre le genre de beauté qui plaît au Roi ; toutes ces qualités réunies et sa présence ici semblent la désigner à son choix et font désirer à ses vrais amis qu’elles appel-