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MES SOUVENIRS

se rendre en Lombardie. Il avait oublié de faire viser son passeport par le ministère des affaires étrangères de Turin ; voilà que, arrivé à Novare, c’est-à-dire à quelques pas de la frontière et sur le point de sortir du royaume, la police lui barre le chemin et le force à suspendre son voyage jusqu’à ce que son passeport soit revenu de Turin où il a du le renvoyer.

« Le gouvernement sarde, qui est si indulgent pour les réfugies français et qui montre tant de répugnance à prendre les mesures que nous avons occasion de lui demander à leur égard, est par contre fort sévère vis-à-vis des autres Français qui habitent ses domaines. Pour le moindre soupçon, pour la moindre peccadille, ils sont expulsés sans pitié. C’est ainsi qu’il y a peu de jours on a renvoyé de Chambéry un homme fort paisible, fort honorable, M. Gault, dont le seul tort était de contribuer à la rédaction du Courrier des Alpes, journal qui passe pour être le principal organe du clergé de la Savoie et du parti conservateur. Le recrutement militaire, le service de la garde nationale, l’obligation de demander l’autorisation pour exercer certaines professions, l’impôt sur les patentes, l’application des lois de douane et de celles de la santé maritime, tout devient entre les mains des autorités sardes un moyen de tyranniser