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CHAPITRE NEUVIÈME

Revel. Maintenant, tant que la guerre durera, le sentiment national ne permettra pas que les hommes qui s’y sont opposés prennent les rênes du gouvernement. La France, de son côté, ne pourrait voir ce changement de bon œil. Ce n’est pas, néanmoins, que notre influence se soit accrue ici à la suite du traité d’alliance. Loin de là. Tout ce que j’ai vu et entendu depuis mon retour en Piémont m’a donné la certitude que, si nous avions été seuls à faire la guerre à la Russie, nous n’aurions pas obtenu un seul homme du gouvernement sarde. C’est à l’Angleterre et non à nous que le contingent de quinze mille hommes a été donné. Cela est si vrai que depuis le traité d’alliance le cabinet de Turin ne nous a montré ni plus de confiance, ni plus d’amitié que par le passé. Il est toujours aussi récalcitrant à satisfaire nos plus justes réclamations. Nos nationaux ne jouissent pas de plus de faveurs auprès de lui ; bien au contraire, la qualité de Français semble appeler les rebuffades et les vexations. Je pourrais citer à l’appui de ce que j’avance une foule de faits récents. Votre Majesté me permettra de lui en indiquer quelques-uns. M. Darondeau, Ingénieur en chef du département de la Seine, chargé d’une mission scientifique en Italie et porteur d’un passeport diplomatique délivré par le ministère des affaires étrangères, traverse le Piémont pour