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CHAPITRE NEUVIÈME

ministère qui eut le concours de la Chambre des députés et n’ayant pas le courage de dissoudre celle-ci, rappela les ministres démissionnaires et leur rendit toute sa confiance. Il leur suffit pour calmer ses scrupules de promettre qu’ils appuieraient les modifications que le Sénat proposerait à la loi sur les couvents et qu’ils représentaient à Sa Majesté comme étant de nature à ôter au Saint-Siège tout prétexte de plaintes. Fatigué de l’effort qu’il venait de faire pour résister à ses ministres, le Roi retomba plus que jamais sous leur tutelle. Il ne prend plus, comme par le passé, d’autre part aux affaires que celle qu’ils veulent bien lui indiquer. Une chose néanmoins le préoccupe beaucoup en ce moment, c’est la guerre de Crimée. Elle a réveillé son ardeur martiale. Il voudrait rafraîchir les lauriers qu’il a conquis sur les champs de bataille de la Lombardie. Son plus grand regret est que son titre de roi ne lui permette point d’aller commander en personne le contingent qu’il a donné. Noble sentiment sans doute, mais que l’on apprécierait bien davantage s’il lui faisait sentir que, faute de pouvoir aller acquérir une nouvelle gloire militaire dans des régions lointaines, il a un autre rôle non moins beau à remplir dans son royaume même, c’est-à-dire de le gouverner, de le rendre heureux et content, sans en compromettre