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MES SOUVENIRS

faisaient les honneurs de ses salons. Le comte Lucchesi était fort occupé de la troisième fille du ministre de Prusse, Mathilde de Waldburg-Truchsess, âgée de dix-neuf ans. Il en parla à la sœur aînée de Mathilde qui se trouvait alors pour quelques mois en visite chez son père ; il déplorait son peu de fortune qui l’empêchait de se marier avant d’avoir une plus grande position. Dans ses fréquentes conversations avec les quatre sœurs, il les entretenait sans cesse de Mme la duchesse de Berry, alors en Vendée. Il témoignait un vif enthousiasme pour l’héroïque sœur de son roi qu’il disait n’avoir vue qu’une fois de loin à la cour de Naples. Elle n’est pas belle, disait-il, mais on voit bien en elle un élan de cœur, un dévouement sans bornes pour ceux qu’elle aime, pour le bonheur de son pays. Plus tard, le ministre de France à la Haye apprit le drame de Blaye et l’annonce du mariage de la duchesse. Si cette union, qui devait remonter à plusieurs mois, paraissait à tous peu croyable, elle était pour la famille de Waldburg-Truchsess tout à fait inadmissible, ayant justement dans ce temps-là vu chaque jour M. de Lucchesi-Palli loin de la France et occupé tout autrement, parlant d’une manière toute différente de celle qui aurait déjà dû être sa femme. Que croire, que penser de cette