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MES SOUVENIRS

tout un homme de bien qui, aimant sincèrement la France, en voulait l’honneur et la prospérité, elle me répondit : « Si cela est ainsi, il est à désirer que le Prince continue dans la voie que la Providence lui a tracée. »

La grande-duchesse était une princesse de grand caractère, passant pour peu favorable à la France. Si une femme pouvait avoir quelque influence à la cour de Russie, c’était elle sans doute ; par ses éminentes qualités et son instruction, elle avait sur l’Empereur un réel ascendant.

Le 24 août, je vis pour la première fois l’empereur Nicolas à une grande revue à Krasnoë-Selo. Je m’y étais rendu avec mon ami Aloys de Rayneval, Camille Dolfus et le comte Piper, chargé d’affaires de Suède. L’Impératrice, les grands-ducs et les grandes-duchesses, à l’exception du duc de Leuchtenberg, gravement malade de la poitrine, assistaient à la cérémonie militaire. Parmi les grands-ducs se trouvait le fils aîné du grand-duc héritier. C’était alors un enfant charmant ; il était habillé en hussard, avec un petit manteau rouge sur les épaules. Son plus jeune frère, également en uniforme, était dans la tente de l’Impératrice.

Je m’étais placé au bas de cette tente, élevée sur un petit tertre et entourée par la foule qui se pressait