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MES SOUVENIRS

tentement de la princesse Mathilde, on ne s’était mis à table qu’à huit heures et demie. « Comment, murmurait-on, la fille de la Reine n’a-t-elle pas une seconde robe pour répondre à une invitation ? »

La Reine parut très maigrie : sa fille aînée, d’une taille élégante et d’une tournure distinguée, était agréable sans être jolie.

Le succès du pas styrien dansé chez le comte de Quadt s’étant répandu, le duc et la duchesse Tascher de la Pagerie le firent répéter dans leur appartement des Tuileries, puis, le 18 février, ils donnèrent un joli bal costumé auquel l’Empereur et l’Impératrice assistaient en dominos, cherchant à conserver l’incognito. Je reconnus parfaitement l’Empereur à sa démarche : il vint parler à une Anglaise avec laquelle je dansais, et il s’adressa à moi à plusieurs reprises.

Le 4 mars, la nouvelle de la mort de l’empereur Nicolas parvint à Paris. Elle y causa une vive impression, surtout à la Bourse, où il y eut une hausse sur toutes les valeurs. Cet événement inattendu surprit les plus hauts personnages. On prétendit que le comte de Morny, qui jouait à la baisse, avait perdu dix-huit cent mille francs, et le prince de Beauvau sept cent mille francs. Le caractère doux du jeune empereur devait rendre l’entente moins difficile, non pas immédiatement, car Alexandre II ne pouvait