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CHAPITRE HUITIÈME

deux puissances qu’il avait cru indissolublement enchaînées à sa politique.

L’empereur Nicolas en éprouva une très vive irritation, surtout contre le roi de Prusse. Il fit comprendre à son entourage qu’il désirait que personne ne portât plus devant lui les décorations de son beau-frère. Il fut sur le point de renvoyer le comte de Münster, dont j’ai parlé plus haut, attaché à sa personne. « Je n’ai pas besoin, dit-il, d’officier prussien à Pétersbourg. »

La France et l’Angleterre envoyèrent au cabinet de Pétersbourg un ultimatum, le sommant d’évacuer les principautés dans un délai de six jours. La notification de cet ultimatum au Corps législatif de France tint lieu de déclaration de guerre. L’empereur Nicolas rappela ses ambassadeurs de Paris et de Londres. M. de Castelbajac se rendit près de lui pour lui faire ses adieux. La séparation ne se fit pas sans attendrissement de la part de mon chef, et le Tzar, pour le consoler, joignit à un affectueux embrassement le don du grand cordon de Saint-André. Exemple rare dans notre histoire, celui d’un représentant de la France recevant embrassements et dignités d’un souverain qui allait faire la guerre à son pays !

Le général de Castelbajac ne se méprenait pas