Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
MES SOUVENIRS

velours. Il en avait été fort attristé, et il y avait fait adapter des éperons.

Il se montrait fort mécontent des caricatures que le Charivari publiait contre lui. Il m’arriva à ce sujet un désagréable incident. J’avais rapporté un exemplaire d’une pièce de théâtre fort hostile à la Russie qui faisait alors fureur à Paris : les Cosaques. Je me gardai bien de la montrer à personne, mais je la prêtai à sir Hamilton Seymour qui me l’avait demandée. Il me la renvoya sous enveloppe par Gaston de Castelbajac. Au lieu de revenir directement à l’ambassade, celui-ci s’arrêta dans une salle d’armes ; bref, à sa grande consternation, il constata que la brochure avait disparu : on la rechercha en vain partout ; elle était certainement tombée du drochky du jeune attaché en passant sur la grande place Saint-Isaac en face du palais Impérial et remise aussitôt par la police entre les mains de l’Empereur. L’enveloppe portait mon nom et celui de sir Hamilton Seymour. L’irritation du Tzar dut être très vive quand cet écrit français fut mis fortuitement sous ses yeux.

Je suis resté encore six semaines à Saint-Pétersbourg. Mlle Rachel y était à ce moment ; ses sympathies affichées pour la Russie étaient telles que, malgré les excellentes relations que j’avais eues avec