Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
CHAPITRE SEPTIÈME

cembre 1853, et j’eus avec lui les plus intéressantes conversations sur les grands événements qui se déroutaient avec une effrayante rapidité. Il me remit une lettre à porter sans retard à Pétersbourg dans laquelle il disait à l’empereur Nicolas au sujet de l’attitude hostile de la Russie et de l’entrée des flottes alliées dans la mer Noire Un pas de plus, c’est la guerre. Il me demanda quels étaient les sentiments personnels du Tzar à son égard. La question était embarrassante.

Je répondis : « Une haute estime, mais rien de plus. » Lorsque je pris congé de lui, il me dit en me serrant la main avec bonté : « Croyez que je ne vous oublierai pas. »

Le même jour, M. Thouvenel, alors directeur des affaires politiques au ministère des affaires étrangères, écrivait à M. de Castelbajac : « C’est M. de Reiset qui vous porte nos plis. Il a vu l’Empereur et le ministre, et il est bien au courant de leurs idées[1]. »

À la suite de ma dernière audience, j’assistai à la revue de quelques régiments passée dans la cour des Tuileries. Le temps était magnifique, mais le froid glacial. L’empereur, accueilli par des acclamations chaleureuses, montait très bien à cheval ; le pauvre

  1. Nicolas Ier et Napoléon III, par Thouvenel.