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MES SOUVENIRS

guey d’Hilliers, M. Drouyn de Lhuys, prévoyant un conflit, avait dit : « J’ai bien peur que ce soit la rencontre d’un boulet et d’un obus. » Tout à coup se produisit un fait qui souleva indignation du monde civilisé et qui rendit impossible un dénouement pacifique des négociations. Malgré la déclaration du Tzar, la flotte russe de la mer Noire, sous les ordres de l’amiral Nakhimoff, surprit l’escadre ottomane ancrée dans le port de Sinope, la détruisit et en même temps réduisit en cendres une partie de la ville. Cette action barbare, approuvée par le Tzar, était une provocation pour la France et pour l’Angleterre. Leurs flottes, dès la déclaration de guerre entre la Russie et la Turquie, avaient franchi les Dardanelles ; après le désastre de Sinope, sur la prière du Sultan, elles passèrent du Bosphore dans la mer Noire.

L’Empereur m’avait retenu à Paris jusqu’à la fin de décembre pour porter ses dernières dépêches à M. de Castelbajac, dont rien n’ébranlait la confiance dans le maintien de la paix. Lors de la destruction de l’escadre turque de Sinope par l’amiral Nakhimoff, il avait malheureusement félicité l’empereur Nicolas du succès de ses armes, ce qui avait fait à Paris le plus mauvais effet.

Je fus reçu par l’Empereur les 25,27 et 29 dé-