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CHAPITRE SEPTIÈME

soins du ministre de France, M. de Guiche, donna lieu à un incident d’étiquette. Le matin, une messe solennelle avait eu lieu à Notre-Dame des Anges. Un fauteuil de soie cramoisie avec des franges d’or avait été placé dans le chœur pour M. de Guiche[1], qui y assistait entouré de tout le personnel de la légation

Le soir, à cinq heures et demie, M, de Guiche avait donné un grand dîner auquel étaient conviés tous les ministres du Roi et les ministres étrangers accrédités à Turin. Parmi les invités figurait le duc Pasqua, préfet du palais, collier de l’ordre de l’Annonciade. Devait-il ou non avoir le pas sur le ministre des affaires étrangères ? La question était grave, car le conseil des ministres en délibéra dans la journée, et il se prononça pour la préséance du ministre des affaires étrangères. Afin d’éviter un conflit, il est d’usage que les chevaliers de l’ordre de l’Annonciade s’excusent lorsqu’ils sont invités chez un ministre étranger en même temps que le ministre des affaires étrangères. C’est ce que fit le duc Pasqua.

L’assassinat récent du duc de Parme était à Turin l’objet de toutes les conversations. On racontait les

  1. Plus tard duc de Gramont, ministre des affaires étrangères.