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CHAPITRE SEPTIÈME

M. Scaravaglio, enrichi par un grand commerce de fusils pendant la guerre de Lombardie. Le Roi voulant acquérir une maison dans un endroit retiré, à proximité de Turin, de Stupinis et de Moncalieri, pour y loger cette femme, fit appeler un matin M. de Seyssel, bien connu en Piémont pour son habileté en affaires : « Mon cher Seyasel, lui dit-il, je compte sur vous pour m’acheter de suite, au nom de Rosine, la campagne de M. Scaravaglio ; je veux la lui donner. »

« Sire, répondit Seyssel, qui était sourd, mais plein d’esprit, je veux bien me charger de faire cet achat, à la condition que vous m’autoriserez à faire l’acquisition, non pas au nom de Rosine, mais au nom de vos enfants. Vous ne possédez, Sire, aucune fortune personnelle. Mon avis est que vous feriez mieux de faire l’acquisition de cette campagne, qui contient une ferme, pour vos enfants que pour votre maîtresse, car si vous veniez à mourir, ces malheureux risqueraient fort de mourir de faim. »

Le Roi reconnut que cela était vrai, et M. de Seyssel fit l’acquisition comme il l’avait proposé.

Victor-Emmanuel aimait à vanter le désintéressement de sa maîtresse. Il racontait qu’un jour, à la suite d’une vive discussion, il lui avait donné dix mille francs qu’elle avait fait mine de jeter au feu.