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CHAPITRE SEPTIÈME

alors qu’il se trouvait secrétaire d’ambassade à Madrid, avait beaucoup connu la famille de Montijo. Ces rivalités de femmes et ces souvenirs avaient abouti à un éclat alors que personne ne pouvait soupçonner les futures résolutions du Prince Président, qui n’était pas encore empereur.

Un soir où il y avait représentation aux Tuileries, Mme Drouyn de Lhuys trouva installées aux premières places la jeune et charmante comtesse de Teba et sa mère ; elle s’écria avec aigreur, de manière à être entendue « Il y a vraiment ici des étrangères qui ne doutent de rien et dont le sans-gêne est incroyable. »

Mme de Montijo et sa fille se levèrent, laissant la place à Mme Drouyn de Lhuys, et elles se retirèrent dans la salle des Maréchaux. Quand le Prince Président fit son entrée, il trouva Mlle de Montijo tout en larmes. Celle-ci lui raconta ce qui venait de se passer. Le prince lui offrit alors son bras, la plaça lui-même au premier rang et ne la quitta pas de la soirée.

Mme Drouyn de Lhuys, qui était désignée comme devant être une des dames d’honneur de la future impératrice, fut éliminée quand le choix de l’Empereur se fut porté sur Mlle de Montijo. Depuis lors, elle a toujours été écartée des honneurs de la cour.