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MES SOUVENIRS

devant de la malheureuse femme, ainsi mise en interdit. Elle ! a fit asseoir près d’elle et la retint ainsi toute la soirée. La leçon donnée aux puritaines de l’hôtel de la Poste produisit son effet. Le lendemain, tout le monde fit le meilleur accueil à la délaissée de la veille.

Les Montijo, l’une des plus grandes familles d’Espagne, étaient parents des Lesseps, chez qui Mme de Montijo descendait souvent quand elle venait a Paris. Ils ont été très déçus d’être accueillis assez froidement aux Tuileries, malgré leurs liens de parenté avec l’Impératrice.

Le 15 août, après un dîner chez M. Drouyn de Lhuys auquel assistaient tous les ambassadeurs étrangers, le duc de Rianzarès, mari de la reine Christine, et d’autres hauts personnages, je me rendis à la réception des Tuileries, où je fus présenté à l’Impératrice et au roi Jérôme. En voyant son ancienne sujette devenue Impératrice des Français, la reine Christine dit à la princesse Mathilde que pour son compte elle était bien heureuse de ne plus être souveraine.

Ce mariage plaçait M. et Mme Drouyn de Lhuys dans une situation très délicate à la cour. L’Empereur s’était, disait-on, un peu occupé de Mme Drouyn de Lhuys, et dans sa jeunesse M. Drouyn de Lhuys,