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CHAPITRE SEPTIÈME

l’Empereur, Gaston de Castelbajac[1] l’avait rencontrée dans les Pyrénées ; il l’accompagnait dans ses promenades à cheval et dans ses excursions de montagne. Elle toussait alors un peu et prenait les eaux de Bagnères. La saison finie, sa mère voulait retourner à Madrid, ce qui la mécontentait fort ; elle tenait à venir à Paris, et elle finit par l’obtenir.

Un attaché du ministère des affaires étrangères, M. de Lajolais, venu à Pétersbourg pour porter des dépêches, nous avait raconté que l’Empereur étant auprès d’elle très assidu et très pressant, elle lui aurait très noblement répondu : « Rien ou impératrice. » Elle était alors âgée de vingt-six ans.

On citait d’elle des traits qui sont à l’éloge de son cœur. Pendant un séjour à l’hôtel de la Poste aux Eaux-Bonnes, elle s’aperçut que plusieurs dames s’écartaient à l’entrée dans le salon d’une jeune femme, visiblement très malade et marchant avec peine. Elle demanda qui elle était ; on lui répondit que c’était une actrice du Théâtre-Français, gravement atteinte de la poitrine.

Mlle de Montijo prit le bras de sa mère et alla au-

  1. Dans une lettre adressée à un ami (1850), Mlle Eugénie de Montijo, disait, en effet, qu’elle allait quitter Bagnères avec sa mère, pour aller passer huit jours chez un de leurs amis, M. de Castelbajac, et ensuite à Bordeaux. Elle parlait aussi de Julien et de Fernandito puis d’une opération qu’il venait de subir.