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CHAPITRE SIXIÈME

bateau au milieu du fleuve, poussait des cris déchirants en montrant l’endroit où il avait disparu. Des bateliers étant accourus le retirèrent au bout de vingt minutes. Mais, malgré les protestations d’un médecin qui se trouvait là et les nôtres, ils s’emparèrent du corps, repoussant tout le monde, et prenant le noyé par les bras, les jambes et la tête, ils le secouèrent violemment. Apercevant un tonneau, ils y placèrent le malheureux qu’ils firent tourner sans vouloir rien entendre et sans se laisser toucher par le désespoir de la jeune femme. Leur brutalité et leur sauvagerie auraient causé la mort d’une personne bien portante. Bien entendu, le malheureux n’en revint pas.

Je passai trois jours à visiter toutes les églises et tous les bazars de Moscou, l’église de Saint-Basile aux neuf chapelles, bâtie par Ivan le Terrible qui fit crever les yeux à l’architecte pour qu’il ne put construire nulle part un monument semblable ; la Porte-Sainte où l’on ne passe qu’en se découvrant, le couvent de Vosnesensky où sont les tombeaux des tzarines. La veille de notre départ, j’allai coucher à Marine, campagne du comte Woronzow ; puis, en revenant à Moscou, je m’arrêtai au couvent de Simonoff, dont la tour domine tout le pays. La vue sur le Kremlin, sur les mille flèches dorées des églises de la ville