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CHAPITRE SIXIÈME

marine, créées par l’impératrice Catherine. Le voyage par le chemin de fer, récemment construit, durait alors vingt-deux heures. Il avait été fait par des Américains ; il avait nécessité de remarquables travaux d’art, notamment des ponts de fer passant au-dessus des vallées à cent vingt et cent cinquante pieds de hauteur. Nous avons rencontré de vastes espaces de forêts en feu. Ce sont des bergers qui par leur imprudence allument ces incendies. Pour les éteindre, on creuse des tranchées profondes, et dans cette enceinte on cherche à étouffer le feu en frappant et en dispersant le brasier. Le comte Woronzow, qui se rendait à sa campagne de Marino, était dans le même train que nous nous avons déjeuné dans son wagon. Il nous a raconté que peu auparavant l’aîné des fils du grand-duc héritier, âgé de huit ans, avait monté pour la première fois la garde à la porte du palais de Péterhof en uniforme de cadet. L’Empereur et l’Impératrice s’amusaient à passer devant leur petit-fils, qui leur portait très correctement les armes. La précédente sentinelle avait laissé selon la coutume, en cas d’orage, son long manteau gris dans la guérite. « Je voudrais qu’il plût, dit en riant l’Empereur, en regardant le ciel un peu nébuleux, pour que Nicolas fut forcé de mettre ce manteau qui traînera derrière lui. » Ce que Sa Majesté prévoyait arriva en