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MES SOUVENIRS

nente et parvinrent à séparer la Prusse et l’Autriche de la Russie. Dans des conférences tenues à Vienne, un projet d’arrangement acceptable pour toutes les parties fut rédigé ; on put un instant espérer que la paix ne serait pas rompue.

J’avais alors em poche un congé ne dépendant que de l’assentiment de M. de Castelbajac. Mon collègue M. Dolfus étant de retour à Saint-Pétersbourg, je résolus d’en profiter pour me rendre à Paris après une rapide excursion à Moscou.

Auparavant j’avais fait, le 3 juillet, avec mon ami de Rayneval, une visite à Mme Potemkin, née Galitzin, à son château de Gastilitz, au delà de Péterhof. Ce château entouré d’un parc très accidenté, avec une rivière provenant des eaux d’une belle cascade et traversant successivement trois lacs qui limitent l’horizon, a été acheté vers 1826 par M. Potemkin. Il remplace un ancien château en bois qui appartenait au maréchal de Munich jusqu’en 1741, époque à laquelle il fut exilé en Sibérie pour avoir conspiré contre Biron, un des favoris de l’impératrice Élisabeth. Celle-ci donna Gastilitz quelques années après à un autre favori, simple chantre de la chapelle impériale, qu’elle avait fait prince Razoumovski.

Le dernier descendant de ce Razoumovski faisait administrer cette terre par un intendant dont les