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CHAPITRE SIXIÈME

eut risqué de décimer l’armée russe par la dysenterie, comme cela était arrivé souvent.

L’Empereur, que j’ai rencontré seul dans un drochky avec une petite casquette militaire blanche et son manteau d’été gris, paraissait grave et soucieux. Après la remise de sa note, le prince Menschikoff s’était embarqué avec tout le personnel de son ambassade sur la frégate la Bessarabie. Le 10 mai, il avait accordé un délai de dix jours ; le 21, il était parti pour Saint-Pétersbourg, laissant à la Porte un second ultimatum avec menace d’occuper les principautés danubiennes si ses réclamations n’étaient pas accueillies.

Ce fut alors que l’Angleterre ordonna à sa flotte de Malte de s’avancer jusqu’à l’entrée des Dardanelles, où la flotte française, alors mouillée dans la baie de Salamine, ne tarda pas à la rejoindre. La réunion des deux flottes attestait entre les deux puissances un accord que le Tzar avait jugé impossible. Pour le rompre, il fit faire à la France des propositions analogues à celles qu’il avait faites à l’Angleterre. Napotéon III, engagé avec le gouvernement anglais, les déclina. Nicolas fit alors passer le Pruth à ses troupes et occupa les principautés du Danube.

On sait comment la France et l’Angleterre firent un dernier effort pour conjurer une guerre immi-