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CHAPITRE SIXIÈME

taire rien ne l’arrêtait. Les regards des personnes présentes commençaient à se tourner vers moi. Je me levai, et, allant à M. de MoMerus, je lui dis avec beaucoup de calme que son langage était indigne, et que j’étais loin de m’attendre de lui à l’expression de pareils sentiments, alors que je savais par lui-même combien il avait été dans sa jeunesse le très humble et zélé serviteur du roi Louis et de la reine Hortense qui l’avaient comblé. Ce fut un véritable coup de théâtre. M. de Mollerus, à qui je dis que j’allais rendre compte de l’incident an général de Castelbajac avec qui il aurait à s’expliquer, était atterré. Tout le monde me donna raison.

Dès le lendemain, le général de Castelbajac, après m’avoir félicité de ma fermeté, fit atteler sa voiture et se fit conduire chez le comte de Nesselrode, à qui il raconta cette scène en lui exprimant son vif mécontentement. Il fut convenu que la présentation de l’ambassadeur de France à la reine douairière de Hollande ne serait pas faite par M. de MoMerus. Cette affaire était grave parce qu’elle donnait la mesure des sentiments secrets de bien des cours européennes à l’égard de Napoléon III : elle n’en resta pas là. Le gouvernement français adressa ses réclamations par l’organe de son ministre, ! e baron d’André, au gouvernement des Pays-Bas. M. de Mollerus fut rappelé,