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CHAPITRE SIXIÈME

se baissât pour lui donner aussi le baiser de Pâques. Grâce à sa mémoire prodigieuse, Nicolas Ier reconnaissait tout le monde : il n’a eu à demander le nom que de trois ou quatre personnes. Comme beaucoup d’officiers et de soldats se teignent les moustaches, l’Empereur à la fin de cette cérémonie avait la figure toute noire !

Le 12 mai eut lieu sur la grande place d’armes, au Champ de Mars, en face du palais de Marbre, la grande parade annuelle à laquelle prennent part cinquante mille hommes.

L’Empereur a passé à cheval dans les rangs, accompagnant la voiture dans laquelle se trouvaient l’tmpératrice et les grandes-duchesses, saluées par des acclamations. L’Impératrice et les grandes-duchesses ont ensuite occupé une tente devant laquelle, sur l’ordre de l’Empereur, la cavalerie circassienne a défilé au galop. L’Impératrice semblait assister à ces fêtes militaires par devoir, sans partager l’ardeur guerrière du Tzar.

Cette revue était un grand événement attendu avec une extrême anxiété par tous les généraux, à qui l’Empereur faisait expier la moindre faute par les reproches les plus durs et quelquefois les plus injustes. Quand il reconnaissait s’être trompé, il cherchait cependant à réparer son erreur. Un général