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CHAPITRE SIXIÈME

russe, la résignation avec laquelle il souffre et il meurt pour le service de l’Empereur, sont admirables.

Les Russes célèbrent leur 1er avril par des poissons d’avril. Le 1er avril 1852, je reçus, ainsi qu’une vingtaine d’autres personnes, une invitation à dîner de la comtesse Woronzow. À la porte, un petit billet ainsi conçu : « Poisson d’avril. Dieu, que je suis bête ! » fut remis à chaque invité. La comtesse était exprès allée dîner hors de chez elle. Le même jour, le chancelier de l’Empire, comte de Nesselrode, recevait un aimable billet d’une jeune fille de vingt ans lui donnant rendez-vous dans ses magnifiques serres situées hors de Saint-Pétersbourg. Le vieux chancelier y alla et ne trouva personne. Le billet était de Mme Zographo, née Soutzo, femme du ministre de Grèce. Personne ne se blesse de ces plaisanteries consacrées par l’usage. Les serres de M.  de Nesselrode étaient merveilleuses ; l’une d’elles ne contenait que des camélias, soutenus par des treillages de vingt pieds de haut et couverts de milliers de fleurs. C’était un spectacle vraiment féerique. M.  de Nesselrode faisait vendre ses camélias qui atteignaient des prix très élevés.

Dans nos longues et intimes soirées de l’hiver, Aloys de Rayneval m’a conté que son père avait été sur le point de connaître le secret du Masque de fer.