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MES SOUVENIRS

La grande-duchesse Hélène donna un bal splendide auquel l’Empereur, l’Impératrice et tous les grands-ducs assistèrent. L’escalier de son palais était un des plus beaux et des plus élevés que j’aie jamais vus. Dans le salon particulier de la grande-duchesse des treillages garnis de fleurs et de lierre formaient une série de bosquets fort élégants. Dans l’un d’eux étaient réunis des objets ayant appartenu au grand-duc Michel et conservés par sa veuve, ainsi que son portrait, casque en tête, en grand uniforme. Dans un autre bosquet se trouvait un fort beau portrait de la grande-duchesse Catherine en costume grec ; il était entouré de fleurs, de palmiers et de plantes rares.

On commençait à s’inquiéter des événements d’Orient et des suites de la mission Menschikoff. Le maréchal Paskiévitch se montrait très opposé à la guerre, disant que l’Empereur se montait la tête et surexcitait l’ardeur des jeunes officiers de l’armée russe ; mais à Saint-Pétersbourg tout dépendait de l’humeur du Tzar, impressionnable, irascible, d’une extrême vivacité et d’une grande obstination. Personne ne pouvait le retenir quand il avait pris une détermination.

Le 18 avril, il donna un grand dîner à l’occasion de la naissance d’un prince de la maison d’Angle-