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MES SOUVENIRS

nous entendre à l’avance pour ne pas laisser sa succession livrée au hasard et surtout à la révolution. »

Après ce préambule, le Tzar exposa ses projets. Les principautés danubiennes continueraient à être indépendantes, mais seraient placées, ainsi que la Servie et la Bulgarie, sous le protectorat de la Russie. Reconnaissant l’importance que l’Égypte avait pour l’Angleterre, il était disposé à ne pas faire d’objection à ce qu’elle en prit possession, en y joignant même l’Ile de Candie. Quant à Constantinople, il déclarait qu’il ne consentirait jamais à ce que cette ville fût occupée par les Anglais ou par les Français, et qu’il s’opposerait de toutes ses forces à la création d’un empire d’Orient au profit de la Grèce. Tout en protestant qu’il n’avait aucune vue d’ambition sur Constantinople, il admettait que les circonstances pourraient le forcer à l’occuper temporairement.

Sir Hamilton ayant exprimé le doute que ces combinaisons pussent convenir à la Prusse, à l’Autriche, et l’empereur Nicolas comptant sans doute tenir ces puissances par les liens du sang et de la reconnaissance, répliqua que ce qui était essentiel à ses yeux, c’était l’adhésion de l’Angleterre. D’accord avec elle, il n’aurait pas à s’inquiéter des autres gouvernements, laissant entendre ainsi que, si la France était isolée, il n’aurait rien à redouter de sa part.