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CHAPITRE CINQUIÈME

Pendant mon séjour en Russie, je restai en correspondance avec mes amis du Piémont, qui me priaient de défendre à Pétersbourg la cause de leur pays. Rendant compte de mes démarches au comte de Cavour, j’écrivis :


« Mon cher comte,

« Voici déjà bien longtemps que je suis loin de vous et que j’ai quitté votre pays auquel, vous le savez, je suis resté sincèrement attaché, espérant toujours pour lui ce qui serait seul sage l’établissement d’une confédération italienne ayant pour président le pape et le Piémont renforcé de la Lombardie et de Venise. Malgré mon éloignement, j’ai suivi avec le plus grand intérêt tous les événements politiques qui s’y rapportaient, et si je ne vous ai pas écrit plus tôt, ce n’est pas par oubli, mais parce que le moment n’était pas encore venu de pouvoir vous être aussi utile que je le désirais. Cependant, dès mon arrivée à Pétersbourg, j’ai dans toutes mes conversations avec les hommes influents de ce pays exposé à grands traits la situation politique actuelle du Piémont, tant à l’intérieur que vis-à-vis des puissances étrangères, en m’attachant à leur bien faire comprendre combien cette politique était différente de celle de 1848 et combien il était regrettable