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MES SOUVENIRS

drons bien. J’y suis tout disposé. » Et il embrassa à deux reprises M. de Castelbajac. Il reçut ensuite avec beaucoup de bonne grâce M. de Rayneval, Dolfus et Gaston de Castelbajac, disant à Aloys de Rayneval en lui parlant de son frère : « Vous êtes une ancienne connaissance… Et M. de Reiset, ajouta-t-il, il a aussi la petite vérole. Comment est-il ? Où a-t-il pris cette maladie ?… Je regrette de ne pas le voir aujourd’hui ; mais dès qu’il sera rétabli, j’espère que vous me le conduirez. »

Je n’étais pas assez bien portant pour assister le 18 janvier à la bénédiction des eaux de la Newa, cérémonie très populaire à Pétersbourg. Une tente est élevée sur la glace, en face du palais de l’Empereur. Lorsque le clergé, l’Empereur et sa cour y sont rassemblés, l’archevêque grec, patriarche de Pétersbourg, s’approche du trou que l’on a fait dans la glace pour bénir les eaux. Quand la cérémonie est finie, le peuple se précipite pour boire ces eaux que la bénédiction a rendues salutaires. Des moujiks s’y baignent par un froid de 18 degrés. Autrefois même, pour porter bonheur aux enfants ou pour assurer leur santé, on les y plongeait. Un jour, un prêtre, ayant maladroitement laissé tomber dans le trou un enfant qui fut entraîné par le perfide courant de la Newa, dit sans s’en émouvoir davantage : « Cela ne