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MES SOUVENIRS

prince Albert ne venait-il pas de presser le duc de Saxe-Cobourg-Gotha d’adresser une énergique protestation juridique contre la confiscation des biens de la famille d’Orléans dans l’intérêt de la duchesse de Nemours, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, et du prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha qui avait épousé une fille du roi Louis-Philippe ?

Les mesures militaires que l’Angleterre crut devoir prendre après la proclamation de l’empire en équipant cent cinquante mille volontaires pour la défense de ses côtes confirmaient le Tzar dans la pensée que la France était tout à fait isolée et qu’il n’avait pas de ménagements à garder vis-à-vis d’elle.

Lorsque au contraire l’alliance franco-anglaise se réalisa, Frédéric-Guillaume IV ne craignit pas d’écrire : « Si je suis attaqué pendant l’inceste de l’Angleterre et de la France, ou par suite de cet inceste, si les deux puissances incestueuses, prenant la révolution pour alliée, la déchaînent par le monde, alors je fais alliance avec la Russie, alliance à la vie, à la mort[1]. »

L’empereur Nicolas, disposant d’une force matérielle imposante, exerçait une puissante influence sur les événements ; il finissait par avoir toujours

  1. Lettre du 9 janvier 1854.