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CHAPITRE CINQUIÈME

petite taille, très vif, d’un caractère gai, mais au fond très égoïste, ressemblant beaucoup à M. Thiers. Il était très sobre, quoique fin gourmet, et jusqu’à son dîner du soir, toujours très abondant et bien servi, il ne prenait d’autre repas que deux verres de malaga avec un biscuit, le matin et à trois heures. Il s’occupait personnellement de sa table et savait de quoi doit se composer la confection des mets.

Un jour, chez le baron de Plessen, ministre de Danemark, à un petit dîner intime où j’étais invité avec le grand chancelier de Nesselrode, une purée de gibier ayant attiré son attention, il fit au crayon une liste de ce que le cuisinier avait dû employer pour la faire. Cette liste fut envoyée au cuisinier, qui conserva précieusement ce curieux autographe.

À Saint-Pétersbourg, comme à Paris et à Londres, on signala quelques cas de choléra, une douzaine de morts par jour sur une population de cinq cent mille âmes.

Le Tzar, qui se regardait comme le chef de toutes les monarchies européennes, ne fit pas au nouveau souverain Napoléon III, devenu empereur, un meilleur accueil que celui qu’il avait fait au roi Louis-Philippe. Dans la situation de l’Europe, il croyait n’avoir rien à redouter et il donnait libre carrière à ses sentiments autocratiques. Il venait de sauver