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CHAPITRE QUATRIÈME

paient souvent et prenaient pour elle la nourrice, dont le costume attirait les regards.

Après la mort du prince, elle épousa morganatiquement Grégoire Strogonoff, neveu du comte Strogonoff, ancien ambassadeur de Russie à Londres, lors du couronnement de la reine Victoria ; c’était un jeune officier, très beau de figure, brave, gai, aimant le monde et ses fêtes, et plaisant par sa franchise et ses allures un peu rudes, mais toujours empreintes de droiture et de loyauté.

La grande-duchesse Marie ressemblait extrêmement à l’Empereur, son grand-père, et surtout à son père, l’empereur Nicolas. Elle avait une tête de camée, beaucoup trop longue pour sa taille, et le teint très pâle. Un officier qui avait un réel talent de sculpteur, ayant un jour essayé de faire son buste, ne pouvait parvenir à rendre la finesse de ses traits. Le buste cependant était ressemblant. Des amis conseillèrent à l’artiste de supprimer la coiffure et de la remplacer par un front chauve, en ajoutant des moustaches et des favoris. Il se trouva que le buste ainsi modifié présentait une ressemblance saisissante avec l’Empereur lui-même.

Les obsèques du duc de Leuchtenberg eurent lieu le jeudi 4 novembre 1853, à l’église catholique de l’ordre de Malte. J’y assistai comme chargé d’affaires