Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
CHAPITRE QUATRIÈME

Le lendemain, le duc fit sa toilette comme d’habitude mais étant pris de nouveaux vomissements, il se coucha. Le soir, à neuf heures et demie, on fit revenir le docteur Ricord. Comme il entrait dans l’appartement, la grande-duchesse Marie et le secrétaire du prince se précipitèrent vers lui, en s’écriant : « Vite, le duc se meurt ! » Celui-ci était alors dans un cabinet attenant à sa chambre. Le docteur Ricord trouva le duc dans les bras de M. Mianowsky, son médecin ordinaire, la tête penchée, le front couvert d’une pâleur mortelle et ayant vomi du sang en grande quantité. Le secrétaire du duc, M. Mussard, s’étant rappelé, avant l’arrivée du docteur, que celui-ci avait témoigné la crainte que le duc ne fût étouffé par un caillot de sang arrêté dans la trachée, avait dit à Mianowsky de le lui enlever, ce que ce dernier avait fait. Ranimé par cette opération et par l’eau froide que Mianowsky avait jetée sur son visage, le prince témoigna par un signe de tête son plaisir en voyant paraître le docteur Ricord ; ensuite soutenu par les deux médecins, il put regagner son lit, qui était à dix pas de ce cabinet. Aussitôt après, on lui appliqua de la glace sur la poitrine, des sinapismes par moments, etc. Il était alors dix heures du soir. Depuis ce moment, le duc ne quitta plus son lit. La grande-duchesse Marie était