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MES SOUVENIRS

Il était mon compagnon de chambre, et je m’aperçus bien vite qu’il avait été instruit de mon projet de mariage avec sa nièce. Il ne s’en montra pas moins très bienveillant, me faisant de longs récits de chasse et me racontant que l’année précédente, en quatorze jours, on avait tué chez le duc de Nassau 116 renards, 800 lièvres et 552 chevreuils. Il m’engagea à venir le voir chez sa sœur, la grande-duchesse Hélène, aux Îles, près de Saint-Pétersbourg. Je constatai dans le cours de mes entretiens avec ces deux princes qu’on s’attendait au prochain rétablissement de l’Empire, et que l’Allemagne n’était rien moins que rassurée sur les intentions du neveu de Napoléon Ier. Ils se rendaient tous deux en Russie, sur l’invitation du tzar Nicolas, pour prendre part à des manœuvres.

À Cronstadt, ils quittèrent le paquebot et ils s’embarquèrent sur un bateau envoyé à leur rencontre pour les conduire à Peterhof près de l’Empereur et de l’Impératrice, alors établis dans cette résidence d’été. Le chargé d’affaires de Saxe et le comte Lebzeltern, secrétaire de la légation d’Autriche, étaient venus au-devant d’eux, ce qui me procura l’occasion de faire immédiatement la connaissance de ces messieurs.

Pendant notre voyage la mer n’avait pas cessé d’être très calme. Sa couleur pâle et celle du ciel qu’elle reflétait annonçaient seules que nous nous