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CHAPITRE QUATRIÈME

absence, mon fils sera également loin de Pétersbourg, et je n’ai une confiance absolue qu’en lui. Je veux qu’il sache tout comme moi, qu’il partage tous mes travaux, afin qu’il soit toujours prêt à me succéder. »

Un jour, à l’occasion de la fête du grand-duc Alexandre, le général de Castelbajac dit à l’Empereur :

« Je pense que Votre Majesté recevra les félicitations que je lui adresse pour le grand-duc héritier avec autant de plaisir que si je les lui offrais pour elle-même. »

À ces mots, l’Empereur, lui prenant affectueusement la main, lui répondit avec émotion : « Oui certes, mon cher général, vous avez bien raison. C’est un brave garçon qu’Alexandre, et vous l’aimerez aussi. Je n’agis pas vis-à-vis de lui comme on a fait à mon égard ; je ne savais rien des affaires de l’État quand je suis monté sur le trône, et j’ai dû tout apprendre par moi-même. Mon fils, au contraire, est initié à tout, et maintenant Dieu me rappellera à lui lorsqu’il le voudra ; j’ai confiance que la Russie sera après moi bien gouvernée. »

Le grand-duc héritier avait voulu passer des examens de droit dans le but d’obtenir un diplôme auquel il tenait beaucoup, celui de docteur de l’université d’Oxford.