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CHAPITRE QUATRIÈME

été général au service de la Russie, et son grand-père n’était qu’un serviteur dans la maison Narischkin où se trouvaient deux Michel : l’un était grand, l’autre petit, tous deux Allemands. De là lui venait le sobriquet qui plus tard devint son nom de Kleinmikel. La famille Narischkin le fit entrer au service de la couronne, où il fit son chemin.

Le général Kleinmikel était le complaisant et le favori de l’Empereur qui, de la plus basse origine, l’avait élevé jusqu’aux premiers rangs. La fortune du général Kleinmikel venait en grande partie de ce qu’il gardait chez lui, comme les siens, les deux enfants que l’Empereur avait eus d’une liaison secrète avec une demoiselle d’honneur de l’impératrice.

Lors de la construction du chemin de fer de Moscou, il s’était élevé entre le grand-duc héritier et Kleinmikel de vives discussions qui amenèrent une rupture décisive, et dans un moment d’emportement le prince lui dit que, comme il n’était que l’indigne favori de son père, il le chasserait aussitôt qu’il monterait sur le trône. Comme le disaient ses amis, au besoin il savait montrer de l’énergie et de la fermeté vis-à-vis même des plus puissants, et il avait surtout horreur des basses complaisances.

Les étudiants de l’université d’Helsingfors, en