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MES SOUVENIRS

nouveaux uniformes qu’il avait l’intention de lui donner.

Le Tzarewitch était studieux, très instruit, parlant parfaitement toutes les langues de l’Europe. Il avait la direction supérieure de tous les établissements militaires et en outre le commandement en chef de la garde Impériale et du corps des grenadiers. « Homme franc, ami sûr et loyal, il écoute et donne de sages conseils ; incapable de trahir une confidence, il est discret à toute épreuve. » Tel était l’éloge que j’entendais faire partout de lui, tandis qu’on s’exprimait bien différemment à l’égard de son frère, le grand-duc Constantin, prince qui cherchait toujours à se mettre en avant et à se faire valoir aux dépens de ses frères.

La douceur du grand-duc Alexandre, sa bienveillance extrême, auraient pu faire croire qu’il manquait de fermeté ; mais ceux qui le voyaient le plus intimement assuraient au contraire qu’il en avait beaucoup, et que s’il pliait facilement, c’était par respect pour son père, par obéissance, et surtout pour ne pas lui donner ombrage.

Il avait la réputation d’une parfaite bonté. Il y avait cependant une exception à faire pour le général Kleinmikel, ministre des travaux publics, qu’il ne pouvait supporter. Le père de ce personnage avait