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MES SOUVENIRS

et ses enfants. On admirait sa dignité et les égards qu’elle avait pour l’Impératrice, princesse toujours bonne pour son entourage, mais extrêmement frivole et capricieuse, et ne s’occupant que de la lecture des romans ou de celle du journal des modes.

Tout en se montrant irréprochable dans ses devoirs de femme, l’Impératrice restait malgré son âge dominée par le désir de plaire et absorbée par toutes les préoccupations de la toilette et de la coquetterie féminine. Elle était devenue d’une maigreur extrême. Les soldats russes, qui se plaisaient à donner des surnoms, l’appelaient « le raisin de Corinthe ».

L’Empereur souriait de ses fantaisies ; elle ne se mêlait de rien, il la laissait maîtresse absolue de l’intérieur du palais, mais il lui refusait la plus petite participation aux affaires de l’empire.

L’Impératrice avait des rapports d’intimité excessive avec la fille d’un général prussien qui était devenue sa confidente et sa secrétaire intime. Celle-ci entretenait avec la princesse de Liéven, alors à Paris, une correspondance qui n’était pas sans inconvénients. C’était un recueil de tous les menus faits de nature à piquer la curiosité et alimenter la malveillance. Cette chronique souvent scandaleuse était fort peu exacte. L’Empereur s’en impatientait. Un jour, comme on lisait à l’Impératrice une lettre