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MES SOUVENIRS

Le grand-duc Alexandre ne voulut jamais passer avant la princesse, et, aussitôt arrivé dans le salon, il réclama la faveur de lui être présenté. La princesse Marie de Hesse était une admirable jeune fille, pleine de modestie, de simplicité et de charme. Elle avait été un peu élevée comme une petite Cendrillon dans la maison de Hesse. Très instruite, elle cachait sous une apparence timide un cœur très ferme et plein de vertus. Le grand-duc fut très frappé plus encore de ce qu’il devinait de bon et de beau en elle, que de ce qu’il voyait, et causa longuement avec la princesse pendant toute la soirée.

En retournant à Francfort, le grand-duc parla peu aux personnes de sa suite et rentra préoccupé à l’hôtel de Russie assez avant dans la nuit. Le lendemain matin, le comte Orloff entra chez le prince pour prendre ses ordres et s’informer de l’heure du départ pour le grand-duché de Bade. — Mon cher comte, lui dit le grand-duc, nous n’avons pas à aller plus loin j’ai fait mon choix, mon voyage est achevé. — Comment, répondit le comte Orloff, tout étonné, et quel choix a fait Votre Altesse Impériale ? – C’est la princesse Marie de Hesse que j’épouserai, si elle veut bien me faire l’honneur de m’accorder sa main. – Mais cela est impossible à tous les points de vue, répliqua le mentor du grand-duc. Votre Altesse Impé-