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CHAPITRE QUATRIÈME

se fortifiaient encore en lui par son inébranlable conviction de la grande mission qu’il avait à remplir. Il était persuadé que ses jours seraient conservés par la toute-puissance divine tant que cette mission ne serait pas accomplie. Dans maintes occasions il a prouvé que cette foi dans sa destinée avait en lui les racines les plus profondes.

Lors de la révolution militaire qui éclata au début même de son règne à Pétersbourg le 26 décembre 1825, il sortit seul de son palais, et pour rejoindre son cheval qu’on n’avait pu lui amener, il lui fallut traverser la foule du peuple en révolte jusqu’à ! a place où fut élevée plus tard la colonne Alexandrine. « Pendant ce trajet, raconta-t-il lui-même, je ne pouvais prévoir l’issue de cette triste journée, mais, aussitôt que je me suis trouvé à cheval et que j’ai dominé la foule, je n’ai plus douté du succès, » Nicolas alla droit aux soldats insurgés, et s’adressant à un régiment qui faisait entendre des cris séditieux : « Ce n’est pas là votre place, leur dit-il ; ici se trouvent mes soldats fidèles ; c’est là-bas, parmi les révoltés, qu’il faut vous rendre ; allez, portez-y vos armes. » Par son courage, sa décision, sa présence d’esprit, l’Empereur ramena à lui les incertains, et il dompta la révolution.

Sa fermeté ne s’était pas démentie quand le cho-