Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
MES SOUVENIRS

d’honneur à qui la princesse témoignait une grande affection. C’était la veille de l’embarquement ; le mariage avait déjà été célébré à Turin par procuration. Que se passa-t-il ? Le comte de Syracuse fit tous ses efforts pour dissimuler au public les crises de sa vie conjugale. Le mariage fut consommé, car quelque temps après, la princesse ayant pris de l’embonpoint et paraissant souffrante, les médecins reconnurent qu’elle était grosse, ce qu’elle était parvenue à cacher, même à ses femmes. Elle prétendit que sa grossesse remontait à quatre mois au lieu de six.

Le grand moment arrivé, elle s’enferma seule dans sa chambre, ce dont on ne s’inquiéta pas parce qu’elle en avait l’habitude. Elle y resta plusieurs heures. Quand elle ouvrit la porte et appela, on la trouva à demi morte, assise sur une chaise. Son enfant, entouré de jupons et de mouchoirs, était mort. Elle écrivit à une amie de Turin ce douloureux événement, pleurant amèrement la mort de son enfant, mais ajoutant qu’il lui aurait été impossible d’avoir auprès d’elle à ce moment qui que ce fût, tant tout ce monde lui faisait horreur. Elle se louait cependant beaucoup des bontés de son mari. Le comte de Syracuse fut hors de lui. Il fit prier le roi Charles-Albert de la recevoir en Piémont où un