Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
MES SOUVENIRS

il partit pour l’Espagne où il servit comme volontaire dans l’armée commandée par le duc d’Angoulême. Il fit preuve pendant cette campagne d’une extrême bravoure. Un grenadier français du 6e régiment de la garde, le voyant s’exposer lors de la prise du Trocadéro, le tira à lui par son habit et le renversant lui dit : « Monseigneur, vous prenez ma place. — Camarade, répondit le prince de Carignan, il n’y a pas ici de Monseigneur ; je ne suis qu’un volontaire royal. » Et, se relevant, il continua à monter à l’assaut, s’aidant pour franchir l’escarpement de la hampe du drapeau du bataillon de la garde auprès duquel il se trouvait. Il traitait les soldats de la garde en camarades, en amis, leur exprimant sa joie d’avoir partagé leurs dangers et d’avoir été témoin de leur valeur. Aussi était-il très populaire parmi eux. Le lendemain de la prise du Trocadéro, jour fixé pour la revue que devait passer le duc d’Angoulême et pour la distribution des récompenses, les grenadiers du 6e régiment de la garde voulurent offrir au prince, en souvenir de sa vaillance, des épaulettes de grenadier, celles que portait celui qui avait été tué le premier en montant à l’assaut. Le prince de Carignan les reçut avec émotion et promit de porter ces épaulettes tous les ans le jour anniversaire de la prise du Trocadéro. Son nom fut inscrit