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MES SOUVENIRS

meurait une énigme. Son regard sans cesse contredisait sa parole, sa parole démentait son sourire, son sourire déguisait sa pensée. Tout était complexe, indécis, fuyant dans ce prince toujours dissonant. »

Ainsi disgracié, il dut passer plusieurs années à la cour de son beau-père, le grand-duc de Toscane. Ce prince eut, dit-on, souvent occasion d’user d’indulgence vis-à-vis de lui, à cause de ses légèretés de conduite. La part qu’il avait prise au mouvement de 1821, ses idées libérales et la vie dissipée qu’il mena en Toscane avaient tellement indisposé contre lui le roi Charles-Félix et les empereurs d’Autriche et de Russie, qu’il fut sérieusement question de l’exclure de la succession au trône. Victor-Emmanuel Ier, frère et prédécesseur de Charles-Félix, avait eu, de son mariage avec Marie-Thérèse, archiduchesse d’Autriche, une fille qui avait épousé, le 30 juin 1812, le duc François IV de Modène. La loi salique aurait été abolie en Piémont et la duchesse de Modène aurait supplanté la branche de Savoie-Carignan. Il était également question d’obliger le prince de Carignan à renoncer à ses droits en faveur de son fils encore en bas âge.

Ces projets ne se réalisèrent pas. Ils furent vivement combattus par le comte de Waldburg.