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CHAPITRE DEUXIÈME

Sur ces entrefaites M.  de Mocenigo, ministre de Russie, réunit l’abbé Morentini, président de la junte de Turin ; M.  Dalpozzo, ministre de l’intérieur ; le commandant des carabiniers royaux et le marquis de Cavour, très influent dans le corps de ville, et leur fit la communication suivante :

« Voici l’état des troupes russes, prêtes à marcher. Lisez-le ; il y a cent mille hommes. — Voici leur ordre de marche : cinquante-six jours. Voulez-vous les arrêter ? Vous êtes les maîtres. Soumission pleine et entière sans conditions. Je vous garantis amnistie, institutions et point d’occupation étrangère. Mais si vous nous laissez arriver, nous n’épargnerons aucun de ceux qui nous auront fait résistance. »

Les personnages à qui il parlait comprirent la gravité de cet avertissement. L’abbé Morentini partit pour le communiquer à Alexandrie, chef-lieu et foyer de la révolte. Il échoua complètement dans cette mission. À son retour, M.  de Mocenigo partit, emportant seulement un acte de soumission, signé des membres de la junte de Turin. Il exigeait comme condition sine qua non la remise à la garde nationale, sur l’esprit conservateur de laquelle on pouvait compter, des deux citadelles d’Alexandrie et de Turin. La situation devenait chaque jour plus mauvaise. Le 1er avril, un régiment en vint aux mains sur