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MES SOUVENIRS

de Milan, quand les balles sifflaient, vous vous êtes montré brave comme un Français ; dans les affaires je vous ai toujours trouvé franc, loyal comme un gentilhomme, et dans les rapports intimes vous avez les finesses et la douceur des femmes. Vous savez que tout ce que je vous dis ici je le pense et je vous le dis seulement pour vous donner à entendre que, si on vous regrette, c’est pour quelque chose.

« Adieu donc, mon cher ami, revenez vite, et n’oubliez pas d’emporter la petite provision de cigarettes que je vous envoie pour le voyage.

« Tout à vous,

« Azeglio. »
Turin, le 16 mars 1852.


Je reçus aussi une lettre très sympathique et fort intéressante par les détails qu’elle renfermait du marquis Costa de Beauregard, alors à Champigny-sur-Vindé, dans le département d’Indre-et-Loire :

« Je crois, me disait-il, que le chevalier d’Azeglio sera forcé de dissoudre la Chambre. Son ministère ne pourra plus s’y créer une majorité. Cavour y deviendrait un chef formidable d’opposition. On prétend qu’il fera bon ménage avec ses anciens collègues, qu’il y a promesses et engagements pris : je n’en crois pas un mot. L’amour-propre froissé ne