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CHAPITRE SEIZIÈME

Cet avancement fut loin de m’être agréable : je m’étais attaché à Turin pendant les quatre années d’un séjour où j’avais assisté à des événements si intéressants, si émouvants, et où j’avais noné d’excellentes relations. J’aurais préféré avancer sur place, et j’eus un instant la pensée de refuser ce nouveau poste. Je ne me décidai à l’accepter que sur les conseils du comte Walewski et de mon ami le baron de Billing.

Je quittai Turin au moment où la prédiction de Victor-Emmanuel était à la veille de se réaliser et où le comte de Cavour, se séparant de d’Azeglio, ne devait pas tarder à se substituer à lui dans la direction des affaires du Piémont. À mon départ le président du conseil m’écrivit une lettre que je garde précieusement comme le témoignage de nos rapports si confiants et si affectueux :


Mon cher Reiset,

« Hier je n’ai pu que vous embrasser, tant j’étais étourdi par mon mal de tête. Aujourd’hui j’y vois clair et je ne veux pas vous laisser partir sans vous dire que le roi vous regrette, que moi je vous regrette, et que toute la société de Turin vous regrette sincèrement, car tout le monde reconnaît vos excellentes qualités et vous rend justice. Dans les tristes journées