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MES SOUVENIRS

l’unité il était sûr de deux forces. Il pouvait compter sur le descendant de cet Emmanuel-Philibert qui regardait l’Italie comme un artichaut que sa maison devait manger feuille à feuille, et, en même temps, attirer à lui le parti républicain unitaire ou, tout au moins, la fraction la plus modérée de ce parti. « Faites l’Italie, lui écrivait Manin, et nous serons avec vous. » À Turin, le chef du parti républicain, Brofferio, lui était visiblement favorable. Il ne lui manquait qu’un élément de succès. Trop clairvoyant pour ne pas reconnaître que sans une aide étrangère l’Italie ne pourrait de longtemps être assez forte pour vaincre un ennemi aussi puissant que l’Autriche, le comte de Cavour cherchait de quel côté cette aide pouvait venir. La politique anglaise ne lui offrant qu’un appui moral, c’était de la France, sous un Bonaparte, qu’il pouvait seulement espérer l’appui armé nécessaire. Encouragé par les paroles de Louis-Napoléon il dirigea vers ce but tous les efforts de sa politique.

Je n’assistai pas au développement de ce grand drame politique. L’acte du 2 décembre amena un mouvement dans le personnel diplomatique de France. J’y fus compris et nommé à raison de mes services premier secrétaire de l’ambassade de Saint-Pétersbourg.