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MES SOUVENIRS

Nous passâmes ainsi plus d’une heure à causer à table. Il ne s’était arrêté à l’hôtel que quelques heures, — ce qui n’empêcha pas de lui remettre, au moment de son départ, une note de 75 francs pour son logement. Le prince paya et me dit en riant au moment de sortir : « C’est bien un peu cher pour un général dégommé. » Il me prit le bras et nous nous dirigeâmes ainsi sous son parapluie — car il faisait un temps épouvantable — vers le palais Carignan où il devait prendre la malle-poste. L’heure n’était pas encore arrivée ; nous nous promenâmes dans le vestibule du palais. Le duc d’Aumale me dit qu’il y avait habité en 1836 et qu’il y avait même reçu la visite de Charles-Albert, quoiqu’il ne fût pas d’usage qu’un roi rendit visite à un prince. « Les appartements étaient si beaux et si dorés, me dit-il, que nous n’osions pas y fumer. »

Nous avions en face de nous la chancellerie de la Légation et nous apercevions à travers les vitres M. de Brissac. Je lui fis un signe, car il m’avait exprimé depuis longtemps son désir de connaitre le duc d’Aumale. Il descendit et je le présentai au prince qui l’accueillit affectueusement. Il y avait avec nous des compagnons de voyage du duc avec lesquels celui-ci était très familier. « Au revoir, vive la France, » nous dit le prince en nous donnant la