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CHAPITRE SEIZIÈME

male descendit comme précédemment à l’hôtel Trombetta où il déjeunait dans une des salles communes, — celle où se trouve le portrait du prince Eugène — lorsque j’allai lui rendre visite. Il m’accueillit avec beaucoup de cordialité et me demanda si je ne craignais pas de me compromettre en allant ainsi le voir publiquement. « Vous risques, me dit-il, d’être traité comme un général d’Afrique qui a été mis en disponibilité pour une visite faite à Londres à la famille d’Orléans. » Je lui répondis en riant qu’il était bien naturel à un Français de retrouver avec bonheur un prince qui était l’un des généraux qui s’étaient le plus illustrés en Afrique, et je lui offris le plan des opérations militaires qui venaient d’avoir lieu à Alexandrie. Il me chargea de saluer le général de La Marmora, alors ministre de la guerre, et M. de Saint-Marsan. Il avait vu le roi dans la matinée à Moncalieri. Il s’était présenté à la porte de la reine sans se faire annoncer, frappant un tout petit coup auquel il fut répondu : « Entrez. » Le prince parut devant Sa Majesté qui était loin de s’attendre à sa visite. « Je suis allé voir le roi, m’a-t-il dit, parce que c’est un homme loyal et franc ; je suis peiné de ce qu’on ne lui rend pas assez justice, et toutes les fois que je passerai par Turin, je ne manquerai pas d’aller lui rendre visite. »