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CHAPITRE QUINZIÈME

Europe est désormais celle que mérite un pays qui ne veut point attenter au droit d’autrui, mais qui est résolu à mourir plutôt que de souffrir qu’on touche au sien. »

M. d’Azeglio a pris la défense de la diplomatie piémontaise contre les attaques dont elle avait été l’objet de la part de quelques journaux. Il a rappelé que cette diplomatie avait de tout temps joui de la meilleure réputation en Europe. Il laissa entendre pour quelles raisons le gouvernement ne pouvait guère aujourd’hui prendre ailleurs que dans les grandes familles ses représentants auprès des puissances étrangères, et il s’est porté garant du dévouement aux institutions constitutionnelles de tous les diplomates qu’il employait.

Ce discours avait été accueilli de nombreuses marques d’approbation parties de tous les bancs de la Chambre, lorsqu’un député ministériel, M. Paul Farina, s’avisa de lire à la tribune une lettre écrite par un réfugié politique, assurant que le représentant de la Sardaigne à Paris, M. Robert de Pralormo, aurait dit dans le salon de la duchesse de Gramont que le Statut avait ruiné le Piémont et que, tant qu’il subsisterait, on ne pourrait guère espérer y voir revenir l’ordre et la prospérité. Ce fut un vrai scandale. Tout le monde blâma vivement M. Farina